Solutré, 55 000 ans après

Solutré, 55 000 ans après
22 h 11 min , 1 avril 2021 0

Roche de Solutré, le 31 mars 2021

7h15. Le disque solaire surgit derrière les montagnes jurassiennes au moment où je gravis les premières marches menant au musée de la Préhistoire. Le ciel est parfaitement dégagé, la température clémente, pas la moindre âme humaine… une atmosphère de calme et de sérénité se dégage en ce haut lieu touristique de la région.
C’est l’aurore, instant éphémère, salué par les oiseaux chanteurs : Fauvette à tête noire, Accenteur mouchet, Rougegorge familier, Pouillot véloce, Mésange charbonnière, Merle noir.
Sentiment étrange d’imaginer que ce devait être, à peu de chose près, l’ambiance quotidienne des autochtones préhistoriques. En effet, comme le rappelle un panneau d’information, l’homme occupait déjà cet endroit il y a plus de 50 000 ans…

Vers 7h30 j’arrive donc sur les lieux convoités : une zone broussailleuse, mélange de buis, de genévriers, et de prunelliers en fleurs. L’objet de ma quête dans ce décor provençal : la Fauvette mélanocéphale.

J’ai beau tendre l’oreille et scruter chaque branche, rien en vue pour le moment. Alors pour patienter, je profite de cette belle et douce lumière dorée pour réaliser quelques clichés. Perchés à la cime d’un arbuste, les mâles de Tarier pâtre, de Linotte mélodieuses, et de Bruant zizi, exhibent leur beau plumage nuptial.

Ne voyant rien d’autres venir, je me permet une petite repasse dans l’espoir de susciter un peu de réaction. Effectivement, un petit passereau passablement agité se manifeste au loin, au milieu des buissons. C’est bien la petite fauvette méridionale, qui s’approche de moi à couvert, puis s’éloigne de façon toute aussi discrète. De temps en temps, elle s’autorise une courte apparition en poussant, ici un cri de crécelle sec et rapide, là un bout de chant saccadé. Je n’aurai pas droit à une démonstration de vol de parade ce matin, il est encore un peu tôt sans doute.

Linotte mélodieuse

Avant de repartir, et alors que je croise un premier couple de randonneur, une clameur résonne au-dessus du vignoble, une trille familière. Instantanément mon regard se tourne vers le ciel : les Martinets à ventre blanc sont de retour. Est-ce la colonie mâconnaise ? ou un groupe en migration ?

18h. Le retour. Comme prévu, il y a bien plus de curieux en fin de journée. Je m’éloigne un peu des sentiers, et commence à surveiller chaque mouvement dans la végétation basse.
Après un bon quart d’heure d’attente, le constat est à peu près le même que ce matin: pas de chant. Fidèle à sa réputation, c’est encore uniquement la repasse qui fait réagir la fauvette. Je n’insiste pas et laisse un mâle effectuer des va et vient. Par deux fois je l’observe avec une petite fleur blanche dans le bec… Je comprends mieux ! Notre gourmet semble affairé à prélever du nectar dans les fleurs, à moins qu’il n’y picore quelques insectes.

Je reviendrais une autre fois, à la faveur d’un autre matin calme.

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